Ça y est, c’est désormais chose faite, depuis le 19 mai la culture se dé-confine ! Or, à l’heure du réveil culturel, à une période où le monde de la culture se trouve plus que jamais fragilisé, l’APACOM a souhaité donner la parole aux acteurs du monde artistique et encourager leurs initiatives : 2 rencontres, 6 témoignages de professionnels pour interroger la communication qui a su si bien flirter avec la crise et faire (sur)vivre la culture.
BRANDIR LA COM’ POUR RÉPONDRE À L’URGENCE :
Lors du premier confinement en mars 2020, les professionnels de la culture ont d’abord été extrêmement surpris par l’arrêt brutal de leurs activités. Ils ont dû s’adapter à la fermeture soudaine de leurs établissements et communiquer rapidement. Un seul objectif : rassurer les équipes et maintenir le lien avec le public.
Cécile OUDEYER, directrice des publics et communication de l’Opéra National de Bordeaux, témoigne alors de la rapidité avec laquelle ses équipes ont dû apporter des réponses face aux annulations de spectacles, éventuels reports, remboursements des billets… À l’instar de l’Opéra, Maud GUIBERT, responsable de la communication du TNBA, et Patrick DUVAL, directeur artistique du Rocher de Palmer, ont également dû s’adapter dans l’urgence pour continuer malgré tout leurs activités.
En septembre 2020, quand les lieux culturels ont brièvement rouvert, le protocole sanitaire est devenu un vrai sujet de communication, élément indispensable à la reprise d’activité. Les enjeux du couple com’ & culture n’ont pourtant pas changé : faire face à la crise et aux urgences, en tentant de préserver l’essentiel des activités qui pour l’heure restent pourtant perçues comme non-essentielles.
RÉAGIR AU « SILENCE CULTUREL » :
Les professionnels de la culture ont été troublés par le silence des politiques ! Une absence de mots face à la situation inédite, vécue comme un déni par les artistes. Aussi, difficile de communiquer avec des contenus changeants, des protocoles peu aboutis et un véritable manque d’information de la part du gouvernement. « Nous ne pouvons rien anticiper, juste réagir à une potentielle réouverture » explique Patrick DUVAL. Tout comme lui, Maud GUIBERT, partage cette impuissance : « C’est épuisant d’imaginer des scénarios, de mettre en œuvre des dispositifs qui n’aboutissent finalement pas », nous confie-t-elle.
DÉPASSER LA FRUSTRATION & LA COLÈRE
Durant la crise, tous partagent le même constat : solitude et souffrance en cette période d’inactivité. Ils expriment alors la difficulté de trouver leur place, ne se sentant ni entendus, ni reconnus… Si les professionnels de la culture ont été aidés et soutenus financièrement par l’État, ils n’ont pu exister à travers leurs activités premières et se sont sentis délaissés voire abandonnés.
Sur ce point, Xavier VITON, propriétaire des théâtres Trianon-Victoire-Molière, tente de mettre en mots cette frustration en expliquant que « les commerces intellectuels ont été oubliés, au profit des commerces matériels ». Il en est de même pour la scène des musiques actuelles qui semble avoir subi un déficit de visibilité, « alors qu’elle est toujours largement plébiscitée par le public », comme nous le confirme Éric ROUX, directeur de la Rock School Barbey.
À contrario, même si la crise a touché tout le monde, les librairies ont bénéficié d’un regain d’intérêt pendant la période de confinement. Elles ont manifesté leur solidarité avec les autres acteurs de la culture, mais se sont senties impuissantes, comme le partage Hélène DES LIGNERIS, dirigeante de La Machine à Lire.
SE RÉINVENTER POUR « TENIR ENSEMBLE »
Pour continuer à s’exprimer malgré tout, les acteurs culturels ont dû faire preuve de créativité, notamment grâce à des solutions numériques qui ont permis des diffusions de spectacles en direct ou en différé. Cependant, ils soulignent les limites d’un tel dispositif qui ne peut palier la qualité des live et demande une forte mobilisation des équipes, comme nous le confie Cécile OUDEYER. Ici, les réseaux sociaux ont aussi joué un rôle important, devenant de véritables murs de création relayant les paroles des artistes et les temps de créations artistiques (ateliers, résidences, performances…) comme ce fut le cas pour le TNBA.
Dans cet esprit, la crise a été l’occasion de renforcer les actions de médiation et de transmission dans les écoles auprès du jeune public. D’autres lieux comme le Rocher de Palmer ou l’ONB ont été réquisitionnés : « une manière d’ouvrir les portes de la culture à d’autres publics », nous explique Patrick DUVAL. Au contraire, en attendant la réouverture, d’autres lieux sont restés fermés pour ne pas fonctionner à perte.
« L ‘archaïsme de notre métier nous est fatal durant cette crise. C’est aussi ce qui nous motive pour revenir, encore plus fort, à la reprise des activités » souligne Xavier VITON.
ENFIN REVIVRE LA CULTURE
Les attentes étaient fortes du côté des artistes comme du côté des professionnels… Depuis le 19 mai, la Culture a retrouvé son public avec une offre d’une richesse inégalée. Pour accompagner la relance, découvrez la série #VivreLaCulture, une sélection du Ministère de la Culture :
- EPISODE 1 // Expositions & Musées
- EPISODE 2 // Cinémas & Spectacles Vivants
- EPISODE 3 // Festivals
- EPISODE 4 // Bibliothèques
Ici à Bordeaux comme dans toute la Nouvelle-Aquitaine, les activités reprennent progressivement avec de nouvelles offres pleines de RESSOURCES :
- Au Rocher de Palmer, c’est le discret Ben Mazué et son univers paradisiaque et menaçant qui pousse son chant de liberté ; quand La Cabane du Monde, espace dédié aux musiques du monde, ré-ouvre enfin ses portes.
- Après « Focus », festival de la ruche, qui a valorisé le travail des artistes, le TNBA lève le rideau cet été : X, la nouvelle création du Collectif OS’O nous entraîne sur Pluton.
- À l’Opéra National de Bordeaux, qui mieux que « Carmen » peut illustrer cette liberté retrouvée. Le 31 mai, une représentation a même été réservée aux personnels hospitaliers du CHU de Bordeaux.
- Pour la réouverture, la Rock School Barbey met un point d’honneur à encourager encore et toujours les scènes locales indépendantes.
- Ca y est, les théâtres Trianon – Molière – Victoire nous retrouvent enfin ; pour toujours rire de tout !
- Enfin, La Machine à Lire propose toujours des pépites de 10h à 20h, sans interruption.
Pour la Commission Com & Culture
Nicolas CHABRIER avec la complicité de Émilie SADEYEN