Un nouvel acteur numérique bordelais de stature internationale

Publié le par chez APACOM. Modifié le

Nicolas-GUILLEMOT dynvibeCréée en 2009 en Australie par Anne-Cécile et Nicolas Guillemot, la société Dynvibe compte parmi les pionniers et les leaders de la veille stratégique numérique. Elle produit et délivre des études consommateurs complètes sur différents marchés mondiaux à partir des données disponibles sur les médias sociaux. Nicolas Guillemot nous explique pourquoi ils ont choisi Bordeaux pour développer leur activité.

Pourquoi avez-vous choisi de rentrer en France en 2013 et d’immatriculer votre société à Pessac ?

A Sydney, tout est fait pour faciliter l’entreprenariat. Comme dans les autres pays anglo-saxons, il règne en Australie un état d’esprit positif où l’envie d’essayer prend le pas sur la peur d’échouer. Notre expérience en Australie nous a donc été très bénéfique et si nous n’étions pas partis, nous n’aurions sûrement pas créé DYNVIBE. Toutefois, les services que nous proposons ont immédiatement attiré des prospects bien au-delà du territoire australien. La grande majorité de nos clients se trouvant désormais en Europe et aux Etats-Unis, il était important de nous rapprocher d’eux.

Contrairement aux idées reçues, la France reste un pays où il fait bon vivre et entreprendre. Notre expérience en Australie nous a permis de relativiser et de comprendre qu’en France, en contrepartie de l’imposition, la population bénéficie d’une protection sociale inégalable et les entrepreneurs d’aides dont ils ne disposeraient pas forcément ailleurs. Dans notre secteur par exemple, le statut de « Jeune Entreprise Innovante » n’existe pas en Australie. Les aides à la R&D ou à l’embauche de nouveaux salariés sont nettement moins avantageuses voire inexistantes.

D’autre part, la France représente un réel vivier d’emplois dans le secteur de l’ingénierie informatique avec des étudiants très bien formés et rapidement opérationnels. Les opportunités d’embaucher des profils qualifiés et compétents sont donc bien plus fréquentes qu’en Australie.

Enfin, une des principales forces de la France et de l’Europe reste sans aucun doute le tissu économique dense et riche. Alors que l’Australie accueille essentiellement des sociétés dont l’activité est basée exclusivement sur le territoire national, l’Europe héberge le siège de très grands groupes mondiaux qui constituent un potentiel de développement commercial prometteur.

Il était primordial de choisir une ville dans laquelle nous pourrions conserver qualité et équilibre de vie personnelle et professionnelle. Bordeaux dispose de nombreux atouts pour l’entreprenariat, particulièrement pour le secteur du numérique. Le tissu universitaire est riche avec des écoles d’ingénieurs reconnues et un fort potentiel d’étudiants étrangers pour réaliser nos études sur les marchés internationaux. La Technopole Bordeaux Unitec, d’importantes pépinières d’entreprises, des incubateurs aux spécialités très variées, l’aéroport de Mérignac à moins de 2 heures de la plupart des capitales européennes, l’arrivée prochaine de la LGV qui permettra de rejoindre Paris en 2 heures… Tous ces éléments participent à rendre la ville stimulante et ouverte vers l’extérieur.

Comment se positionnent vos études consommateurs par rapport à celles dites « classiques » des instituts de sondage et d’études marketing ?

Nous avons développé des solutions de veille basées sur le recueil et l’analyse des conversations des consommateurs sur les médias sociaux. Nos plateformes scrutent donc en permanence les contenus et commentaires publiés sur les blogs, les forums, les sites d’information mais aussi Twitter, Facebook ou encore les vidéos et photos postées sur des médias sociaux tels que Instagram, YouTube, Dailymotion, … et ce, dans plus de 100 pays. Les consommateurs y détaillent massivement leurs attentes et leurs propres évaluations vis à vis des produits ou des marques elles-mêmes, leurs critères de satisfaction ou d’insatisfaction, leur perception du prix, l’usage du produit, les concurrents plébiscités, etc. Nos solutions permettent de transformer ces volumes de données en « informations » directement exploitables par nos clients. Ceux-ci peuvent ensuite soit produire leurs propres études grâce à l’accès qui leur est donné à nos plateformes, soit préférer nous confier la production de ces études.

Contrairement aux études réalisées jusqu’à présent par des instituts de sondage et d’études marketing classiques, les études digitales ont une logique et des méthodes radicalement différentes des études traditionnelles. Elles ne se basent pas sur des échantillons prédéfinis de population, ni sur l’analyse de réponses apportées par un panel à des questions portant sur les critères préalablement retenus par l’étude. Les personnes « écoutées » ou « lues » ne sont donc pas « en situation d’étude ». Elles s’expriment spontanément et apportent ainsi des informations souvent disponibles uniquement dans ce contexte. Lors de l’analyse du contenu d’une vidéo, les éléments exprimés par la personne sont pris en compte mais aussi ses gestes, le ton de sa voix, son regard, etc. Au travers des études online, la part du non-verbal a une place de premier ordre. Les non-dits apportent une valeur ajoutée d’extrême importance à l’analyse. La prise en compte du non-verbal dans ces études gagne d’autant plus en pertinence, car ces indicateurs sont pris en compte dans un contexte où la personne agit librement.

Les enseignements apportés par nos études sont obtenus d’après l’écoute de volumes très importants de conversations de consommateurs aux profils très variés actifs sur les médias sociaux. Il est ainsi simple de mettre en place rapidement et à moindre coût une étude portant simultanément sur plusieurs pays. Dans une approche traditionnelle cela s’avère plus compliqué et bien plus onéreux à réaliser. Internet en général et les médias sociaux en particulier ont considérablement réduit le temps de la communication mais aussi le temps de vie des produits. La veille digitale est au cœur de ce mouvement très rapide et permet donc aux marques d’être extrêmement réactives pour adapter à tout moment leur offre selon les attentes des consommateurs.

Quels sont vos atouts et points faibles s’il y en a ?

De par la localisation géographique en Australie de DYNVIBE, son positionnement a tout de suite été tourné vers l’international. Nos plateformes ont été conçues pour analyser les conversations dans un très grand nombre de langues et de pays et nos équipes de consultants en charge de l’analyse des conversations sont internationales. Au-delà de la maitrise de la langue, la connaissance parfaite du pays et de ses spécificités culturelles, s’avère indispensable pour rendre compte des besoins et des attentes exprimés par les consommateurs locaux. Cet atout nous a ainsi permis de répondre efficacement aux besoins de clients, comme Walt Disney, L’Oréal, Dior, Galeries Lafayette, pour lesquels la dimension internationale est un véritable enjeu.

Les points forts exprimés régulièrement par nos clients, sont l’ergonomie de notre plateforme qui la rend facilement utilisable même par les non-initiés, et la réactivité de nos équipes, aussi bien dans la prise en charge de leurs besoins que dans les délais de production de nos études.

Notre point faible actuellement est très clairement notre manque de visibilité sur le marché français. La grande majorité de nos nouveaux clients arrivent aujourd’hui chez DYNVIBE par le bouche-à-oreille et les recommandations de nos clients. Nous avons en effet très peu communiqué du fait de notre éloignement géographique. Aujourd’hui, c’est plus simple et vous devriez entendre parler de nous plus régulièrement.

Que pensez-vous du Pôle Numérique Aquitain en cours de création ?

Le dynamisme de l’écosystème digital local est l’un des points forts qui nous a attiré à Bordeaux.

En mars 2013, nous avons eu l’opportunité de rencontrer en Australie Fleur PELLERIN, alors ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique. Elle nous a appris que Bordeaux serait probablement candidate pour devenir dès 2014 l’une des métropoles à recevoir le label French Tech, ce qui représente un accélérateur de croissance considérable pour notre domaine d’activité. Cela a renforcé notre décision de nous implanter à Bordeaux.

Un an plus tard nous sommes désormais installés dans la ville et je suis heureux de voir qu’un écosystème du numérique est en effet bien vivant à Bordeaux. Le rassemblement de plus de 1 100 acteurs du numérique bordelais, auquel j’ai notamment participé la semaine dernière, pour apporter un soutien à l’obtention du label French Tech par la ville de Bordeaux, en est un parfait exemple. La création du Pôle Numérique Aquitain en est un autre qui pourrait propulser Bordeaux dans une autre dimension sur ce secteur très porteur notamment sur le plan international.

Quels sont vos projets de développement à cinq ans ?

Notre ambition est de créer une réelle rupture des usages dans la réalisation des études et la connaissance consommateurs pour les marques. Nous avons identifié de nouvelles possibilités nécessitant de grands travaux de développement pour les réaliser mais dont le potentiel commercial est extrêmement fort. Nous consacrons l’essentiel de nos efforts sur ces travaux afin de lancer une nouvelle offre dès début 2015. Nous souhaitons également accélérer notre développement en France mais aussi à l’étranger ce qui passe notamment par le recrutement de différents profils, notamment commerciaux, ingénieurs, consultants au cours des prochains mois.

Votre coup coeur aquitain ?

Notre installation dans la région est encore trop récente pour être une source de bons plans très originaux, il faudra sans doute revenir nous voir dans 1 an ! Mais nous apprécions déjà aller prendre un verre au bar de la terrasse du Grand Hôtel de Bordeaux, la vue panoramique sur la ville y est tout simplement magnifique. Sinon, une escapade aussi souvent que possible sur le Bassin d’Arcachon n’a pas de prix et nous rappelle ainsi un peu notre vie australienne…

Propos recueillis par Catherine Sarnow

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