Pour la 9e édition de son événement annuel, l’association du master Communication Publique et Politique de Bordeaux avait choisi de mettre en débat la technique du storytelling au service de la communication sur la transition écologique. Les échanges ont résonné à la Halle des Douves, le 11 janvier dernier.
L’organisation de cet événement a été menée d’une main de maître par les 9 étudiantes et étudiants de Sphère CPP. Animée par Nicolas Patin, maître de conférences, cette rencontre a fait intervenir des personnalités issues de la communication publique et du monde politique. Elle a permis d’interroger les pratiques actuelles et les ressorts sur lesquels devraient reposer cette mise en récit, pour proposer une véritable communication au service d’un développement durable. Retour sur les idées-clés de cette soirée qui a rassemblé 166 participants, professionnels de la communication en poste ou en devenir, et pas que.
- Tenir un discours pragmatique
Selon Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts et conseiller régional d’Ile-de-France, rappeler le lien entre climat et écologie est encore nécessaire car la corrélation n’est pas toujours effective dans un « discours de masse ». Mais surtout, « il faut donner à voir à quel point la transition est désirable ». Cela nécessite de dépasser la phase de l’opposition, qui succède souvent aux alertes sur le sujet, pour véritablement entrer dans l’action avec des propositions concrètes.
Chacun insiste sur la responsabilité commune et la nécessité de valoriser les initiatives qui ont fait leurs preuves. Anne Walryck, vice-présidente de Bordeaux Métropole, en charge du développement durable, indique que pour parvenir à la mobilisation du plus grand nombre, « il faut montrer ce qui marche, la valeur ajoutée que les citoyens vont retirer de leur changement de comportement ». Et accepter parfois que l’intérêt financier puisse primer sur la conviction en tant que moteur.
Hélène Bracon, chargée de communication du groupe écologiste à la Mairie de Paris, mise quant à elle sur la répétition de messages forts et en lien avec l’actualité.
- Une mise en récit diffuse
L’interpellation créative est citée comme l’un des leviers d’action : la plupart des intervenants sont convaincus que s’adresser à la sensibilité plutôt qu’à la raison, sera plus suivi d’effet. C’est ce qui ressort notamment de l’étude menée par Place to B, « Des images et des actes ».
Charles-Marie Boret, consultant senior CMB et Epiceum, rappelle que ce sont des actes culturels, tels que les films d’Al Gore ou de Yann Arthus Bertrand, qui ont participé à la prise de conscience. « Pour inventer ce nouveau récit, le communicant doit travailler le choix des mots et avec les médias. Dans ce mouvement vers la transition énergétique, il a un rôle d’accompagnement pratique et opérationnel ». Il cite à cet égard le code éthique d’Athènes.
De son côté, Sami Cheikh Moussa, secrétaire général chez Place to B, recommande l’expérimentation, à la fois en termes de contenus et de formats. Pour que ce sujet entre dans notre culture, dans la logique des choses, il s’agit de continuer à faire des liens et de rendre ces prises de parole virales. À quand par exemple une série Netflix avec le sujet du climat en toile de fond ?
- Une prise de parole qui unit
Au fil d’un brainstorming créatif, chacun s’accorde à envisager le discours écologique à tous les échelons, du local au national, sous un angle positif. Il ressort que l’adhésion des citoyens constitue un facteur de rassemblement, préalable à l’action. Et ce, indépendamment de leurs convictions politiques car la transition énergétique n’est pas l’apanage d’un parti.
Le mot de la fin reviendra à Olivier Desagnat, pour qui il s’agit de réfléchir aux valeurs autour desquelles s’associer pour recréer un discours qui soit commun. Réalisateur du documentaire « Ici & Maintenant, la Gironde s’invente », il rappelle que « le vivant est beau, en mouvements, équilibré ». Cette fresque sur la transition écologique solidaire, tournée pour le département, sera en salles à partir de mars prochain.
Pour aller plus loin dans les thématiques abordées, une sélection de livres proposés par la librairie Mollat était disponible en consultation et à l’achat. Parmi les ouvrages présentés, citons entre autres celui d’Elisabeth Kolbert, « La 6e extinction », (Le Livre de Poche, 2017) ou « Pour un catastrophisme éclairé » (Seuil, 2002), de Jean-Pierre Dupuy.
Les professionnels de la communication ont résolument un rôle à jouer dans la création de ce nouveau récit. Merci à l’équipe Sphère CPP pour ce temps de rassemblement et d’échange.
Florence Charrier-Nicou & Elise Paquentin pour la commission Com’ Avenir.