Après une carrière riche en ressources humaines et en gestion de projets, Éric a suivi sa passion pour la langue française et s’est réinventé en tant que lecteur-correcteur. Aujourd’hui, il accompagne entreprises, collectivités et agences de communication pour garantir des textes irréprochables et percutants. Il partage une vision humaniste de la communication et considère son métier comme un puissant levier de lien social. Découvrez le parcours d’un professionnel passionné par les mots et leur impact.
Racontez-nous votre parcours…
Après des études dans le bâtiment, j’ai intégré un OPCO où j’ai exercé comme conseiller en formation. Durant cette expérience qui a duré 13 ans et grâce à la formation continue, j’ai complété mon cursus par un 3e cycle en gestion des ressources humaines à l’IAE de Bordeaux.
Puis, j’ai quitté la région pour intégrer le monde de l’entreprise dans un groupe du BTP de 3 000 collaborateurs, en tant que responsable formation où j’ai rapidement pris de nouvelles responsabilités (intégration, gestion des compétences, recrutement et juridique social). J’y ai également pris la direction d’une filiale, prestataire de formation dans la santé et la sécurité au travail. Là aussi, j’y suis resté 13 ans et j’y ai énormément appris.
Par la suite, j’ai travaillé 3 ans comme Responsable du développement et des partenariats dans un cabinet de coaching et de formation. Je suis ensuite parti à Angers où j’ai exercé comme Responsable du développement RH dans une entreprise de l’agroalimentaire où la communication interne et externe entrait dans mes attributions. Enfin, retour en terres girondines en 2020, en intégrant une entreprise développant et commercialisant des logiciels RH. Après 3 ans dans cette ESN, je suis passé par une case que beaucoup ont hélas connue, celle du burn-out. Période de grosse remise en question…
Grâce au talent d’une consultante en bilan de compétences ayant su faire ressortir mes passions cachées, et notamment celle pour la langue française, je me suis réorienté et formé au métier de lecteur-correcteur. J’ai créé ma structure en début d’année 2024 et j’interviens désormais pour les entreprises et les collectivités où il y a de gros besoins dans ce domaine. Je m’adresse aussi aux agences de communication qui recherchent souvent cette compétence pour fiabiliser et optimiser les textes dans les livrables à destination de leurs clients. À la marge, je travaille aussi pour l’édition et la presse.
Et, à bien y réfléchir, tel M. Jourdain, j’ai toujours fait de la correction sans le savoir ! Ainsi, dans toutes mes expériences passées, j’ai toujours été celui qu’on sollicitait pour relire et détecter les incohérences ou les erreurs dans les communications écrites. Désormais, je fais de la correction professionnelle, ce qui est totalement autre chose que la correction faite par quelqu’un qui se débrouille pas trop mal en français. D’ailleurs, l’orthographe n’est qu’une petite partie de la correction. C’est un vrai métier à part entière, un métier passion !
Qu’est-ce qui vous passionne dans la communication ?
A priori, rien ne me prédestinait à embrasser le secteur de la communication ! Mais, sans en avoir conscience, j’ai toujours été un passionné de la communication, d’abord par la communication écrite bien sûr (vu mon métier de correcteur). Car un texte bien rédigé est un vecteur d’une puissance insoupçonnée pour transmettre les faits, les concepts, les idées et les émotions. Cela peut même aller jusqu’à changer des vies !
Mais mon intérêt pour la communication ne se limite pas à l’écrit bien sûr. Étant désormais ce que certains appellent un « solopreneur », travaillant l’essentiel du temps seul face à mon écran et avec mes dictionnaires à portée de main ou de souris, je n’en ai pas moins un grand besoin de contact, car après plus de 30 ans dans les ressources humaines, il est exclu que je travaille et vive en ermite ! Cela explique mon adhésion à plusieurs réseaux dont celui de l’APACOM car il est inimaginable pour moi de ne pas avoir d’interactions avec d’autres entrepreneurs. Et mon ancien métier (pour lequel ma passion ne s’est jamais démentie) me le rappelle sans cesse, puisque je donne également des cours en écoles d’enseignement supérieur sur des thématiques RH. De la même façon, je suis investi dans le champ associatif en animant des cours de français pour des personnes déplacées qui préfèreraient largement être dans leur pays actuellement touché par la guerre.
Même si cela paraît utopiste, pour moi, l’enjeu de la communication, quelle que soit sa forme, est bien là : faire union entre les individus. Il existe une réelle dimension humaniste dans nos activités de communicants !
Quel serait l’évènement ou l’élément marquant dans votre carrière de communicant ?
Sans hésiter, ma reconversion vers le métier de lecteur-correcteur ! Cela m’a ouvert de nouveaux univers dans lesquels je côtoie désormais des responsables communication, des éditeurs, des traducteurs, des graphistes, des publicitaires, des auteurs, des journalistes… bref, autant de personnes animées par le désir de créer et par l’effervescence qui l’entoure. Et dans cet univers où la créativité domine, je me sens comme un poisson dans l’eau ! Cela nourrit quelque chose de très puissant en moi.
Comment envisagez-vous l’avenir des métiers de la communication / de votre métier ?
Impossible ici de ne pas évoquer l’essor de l’IA. D’ailleurs, c’est la première question qu’on me pose quand je dis que je suis correcteur : « Et tu n’as pas peur d’être remplacé tôt ou tard par ChatGPT ? » (question garantie dans 100 % des cas). C’est un fait : l’IA est désormais partout. Mais l’actualité récente montre que les organisations ayant décidé de tout miser sur elle, au détriment des ressources bien humaines celles-ci, se sont dans tous les cas cassé les dents. C’est un outil merveilleux, que je considère plus comme un allié que comme un concurrent. Car l’IA ne supplante pas (ou pas encore) l’humain dans la compréhension des contextes, dans les nuances à apporter aux concepts, aux émotions à transmettre…
Je pense qu’il y aura encore longtemps besoin de l’esprit humain pour « lire entre les lignes », comprendre ce qui se joue derrière des mots alignés les uns derrière les autres. De plus, notre langue est tellement complexe qu’avant que l’IA n’en maîtrise toutes les subtilités, les exceptions, et tout ce qui en fait ce charme si… humain, je pense que je serai à la retraite depuis longtemps ! Mais pour s’assurer son avenir, le métier de correcteur devra nécessairement l’intégrer dans son équation et composer avec elle.