L’Apacom était partenaire de la 24e Université Hommes-Entreprises, les 30 et 31 août 2018. Cette année, le CECA a choisi le thème « Progrès et Sagesse ».
Catherine Sarnow, adhérente de l’Apacom, était sur les bancs de L’Université le premier jour. Elle nous livre ses impressions et les messages des deux premières interventions qui l’a marquée.
Cette année est particulière : le CECA fête ses 30 ans et l’événement a affiché complet dès le mois de juillet !
Deux améliorations techniques pour ce millésime 2018 :
- de grands écrans de télévision fixés en hauteur pour faciliter les déplacements et la visibilité,
- la possibilité de répondre en ligne à une question au début de chaque conférence. Le diagramme des réponses, bénéficiant des commentaires du conférencier, a facilité les échanges avec la salle.
Nicolas Bouzou : le travail est l’avenir de l’homme !
Economiste et essayiste, j’ai apprécié la légèreté et l’humour qu’il a glissé dans son discours sur le travail et l’intelligence artificielle qui déclenchent de nombreuses réactions anxiogènes.
Grâce à lui, j’ai pu prendre un recul temporel et sémantique sur le rôle essentiel de l’homme sur terre et sur l’importance du travail qui donne sens à sa vie.
« Les plus malheureux ce sont ceux qui ne travaillent pas. L’homme est un animal augmenté selon des écologistes et relativistes. «
Il en doute et s’en amuse en pensant à un escargot qui ne peut être un homme amélioré…
Ils nous informe que sont les pays qui utilisent le plus les nouvelles technologies qui ont créé le plus d’emplois industriels, chiffres à la clé : le solde net de l’arrivée du numérique est de 12 millions d’emplois dans le monde.
Nous craignons que la technologie nous fasse perdre notre travail. Hors, il n’y a pas de lien négatif entre les innovations et le chômage : des métiers disparaissent, d’autres se créent et certains évoluent. Ce qui est détruit est beaucoup plus documenté que ce qui est créé car la destruction nous fait peur.
Pour lui, l’innovation est le premier créateur d’emplois. Il n’y aura pas de décroissance de l’humanité. Elle aime construire et répondre à de nouveaux besoins, « faire les choses mieux ».
Deuxième aspect qui fait que nous aurons toujours du travail, selon lui, c’est que l’homme est différent de la machine : il est libre de ses actions, il a une vision globale des choses et il sait les mettre en perspective à contrario des machines qui sont spécifiques et ne savent pas gérer l’imprévu. Notre complémentarité à la technologie, c’est notre spontanéité, créativité et agilité.
Il est également gêné par l’infantilisation de la société qui nous éloigne de la sagesse tout comme le principe de « précaution » anxiogène et qui détruit la prise de risque essentielle au progrès. Il nous a mis en garde sur l’urgence d’investir dans l’innovation et d’en faire une priorité, même si elle coûte très chère.
« le big data est le carburant de l’intelligence artificielle. »
Dans le cas contraire, nous perdrons notre souveraineté et deviendrons des sous-traitants sino-americains.
Enfin, il nous a alerté sur les injonctions et contraintes sans ressources qui pèsent sur les salariés de l’entreprise.
« L’indice de complexité a été multiplié par 35 en entreprise depuis 1955. Il faut laisser de l’autonomie au salarié… L’entreprise reste l’agent principal du progrès avec du sens et du sens au service du progrès. »
« Voilà c’est fini ! » Nous a-t-il dit avec un regard vif et passionné.
Nicolas Buttet : la science va trop vite !
Prêtre catholique, fondateur de l’Institut d’études anthropologiques Philanthropos, Nicolas Buttet est un homme solaire. Je découvre un regard brillant, souriant et convaincu. Selon lui, la science rassemble plus rapidement la connaissance que la société ne rassemble la sagesse.
« De solution le progrès est devenu le problème. »
Mon coup de coeur : la maxime de la tomate, bien que je sois en capacité de la contredire car j’ai mangé des tomates très sucrées il y a bien longtemps !
« La science consiste à reconnaître la tomate comme un fruit, la sagesse à ne pas en mettre dans une salade de fruit. »
Il nous a fait réfléchir sur les moyens et la finalité du progrès en prenant notamment l’exemple de Prométhée et Epiméthée : l’un réfléchit avant d’agir et l’autre après. Pour lui, notre société est « épiméthéenne ».
Il souligne l’importance des émotions propre à l’homme et non à la machine et compare les connections neuronales avec celles d’un robot. Notre intelligence a la capacité de lire entre les lignes, à donner du sens une finalité, à mettre en perspective les choses et les actions pour les valoriser, à contrario de la machine.
Il attire notre attention sur le fait que le non verbal ne pourra pas non plus être maîtrisé par la machine. Contrairement à la peur qui peut entraver l’action, la volonté, liée aux ressentis et aux émotions, permet le dépassement.
Il a finalement recentré le discours sur notre devoir de responsabilité individuelle et de donner du sens à ce que nous faisons pour préserver l’humanité.
Je vous invite à découvrir les autres interventions de Clara Gaymard, chef d’entreprise et écrivaine, et Gonzague de Blignières, chef d’entreprise, tous deux créateurs de RAISE ; de Jean Le Cam, (avec la participation d’ Anne Le Cam) skipper et entrepreneur et Erik Orsenna, romancier, membre de l’Académie française, Conseiller d’Etat honoraire. sur le site du CECA.
Bonne lecture et merci à l’équipe du CECA pour la qualité de cet événement !
Catherine Sarnow