Appliquer les principes du développement durable dans l’entreprise, bien sûr ! C’est la définition même de la RSE. Pour engager des réformes en profondeur en étant sûr d’être sur la bonne voie, de plus en plus d’entreprises se lancent dans une démarche de labellisation.
Afin de vous aider à y voir clair à travers la forêt des labels RSE, COM’AVENIR lance une série de tables rondes sur le sujet. Retour sur la première, organisée le 14 avril dernier, co-animée par Nathalie Leroy et Bénédicte Delu De Cal et éclairée par le témoignage de quatre invités qui ont généreusement partagé leurs expériences de « labellisés ».
Christophe de LA CHAISE, Dirigeant du CECA (Centre Entreprise et Communication Avancée).
Label : Engagé RSE de l’AFNOR
Le CECA accompagne depuis 30 ans les entreprises et les organisations dans leur transformation, avec un positionnement centré sur l’humain. Ce positionnement amenait les équipes du CECA à se penser « de fait RSE ». Il y a 4 ans, au cours d’une des Université Hommes-Entreprises (organisée par le CECA), Christophe de LA CHAISE a pris conscience de l’énorme surconsommation de papier due à cet évènement.
« Et je me suis dit : mais en fait, on n’est pas bon du tout ! »
Fort de cette prise de conscience et s’appuyant sur une forte cohésion d’équipe, le CECA s’est engagé dans une démarche de labellisation RSE avec l’AFNOR, en suivant les recommandations d’un conseiller expert dans le domaine.
Ses conseils : ne pas se laisser submerger par les nombreux tableaux à compléter ! En les adaptant à leur structure, les équipes impliquées dans la démarche ont relevé ce défi avec succès : le CECA a obtenu le niveau « confirmé » du label Engagé RSE en décembre dernier (3 niveaux proposés : Progression / Confirmé / Exemplaire).
Agathe MARTIN BELIN, Associée de l’Agence B Side
Label : RSE Agences Actives de l’AACC
L’agence B Side menait des actions RSE depuis 2011, qui s’étaient un peu essoufflées. En 2019, à l’occasion du changement de nom de l’agence, une nouvelle dynamique a été impulsée.
« Embarquer tout le monde »
Un séminaire d’été a scellé l’engagement général. Il était essentiel de mettre en place quelque chose qui transforme le business model de l’entreprise et qui ne soit pas juste une couche de process RSE.
Le label RSE Agences Actives, coconstruit entre l’AFNOR et l’AACC, a été choisi pour son accessibilité et sa capacité à l’obtenir de manière autonome.
Pour autant, la démarche n’a pas été une promenade de santé, il a fallu d’abord rassurer, se mettre sur les rails, embarquer les collaborateurs, structurer le discours et l’intégrer dans les process. Un cheminement qui s’est avéré salvateur, car il a servi de ciment à l’équipe au printemps 2020 pendant le premier confinement. La première étoile RSE obtenue durant cette période était « une petite lumière dans le tunnel ».
Ses conseils : ne pas se décourager, accepter l’expérimentation et ne pas hésiter à se faire accompagner. Avoir en tête un temps long, entre 2 et 3 ans de maturation.
Il faut également être conscient que « une fois qu’on est parti, ça ne s’arrête jamais. »
L’agence B Side a aujourd’hui passé un cap et commence à voir les effets concrets des actions mises en place. Elle est devenue Société à Mission et a également réalisé son Bilan Carbone.
Laura MUSSEAU, Responsable de communication chez Eponyme (réseau de crèches).
Label : B Corp
Eponyme développe un modèle de crèche vertueux, qui respecte les enjeux sociétaux et environnementaux. Afin de marquer sa différence, Eponyme a lancé un processus de labellisation en 2018.
La rencontre d’entreprises labellisées ou sur le chemin de la labellisation B Corp a motivé le choix de ce label qui correspondait le plus aux valeurs de l’entreprise.
Le questionnaire BIA (200 questions sur la gouvernance, les employés, la communauté et l’environnement) permet de donner un score à l’entreprise et donne la route à suivre pour viser l’amélioration continue.
« Ce n’est pas juste pour faire joli sur le site internet »
La démarche vient conforter Eponyme sur le volet citoyenneté, enjeux sociétaux et environnementaux. Elle pointe également les axes d’amélioration sur la gouvernance et l’accueil des nouveaux embauchés. Elle donne lieu à de vrais engagements et à un dialogue avec toutes les Parties Prenantes (scientifiques, parents, collaborateurs, CAF…).
Ses conseils : ne pas hésiter à participer aux groupes de travail et à miser sur le réseau pour faire des rencontres inspirantes.
« On a grandi en même temps que le remplissage du questionnaire. »
Isabelle DOUSSET, Responsable des études et ambassadrice RSE du journal Sud Ouest
Label : Positive Work Place
Le journal Sud Ouest compte 700 salariés, 200 000 clients lecteurs et plus de 6 000 annonceurs. On y trouve différents métiers (journalisme, imprimerie, digitalisation, communication…). Comme dans toute entreprise, il était nécessaire d’embarquer tout le monde dans la démarche RSE. Une démarche initiée par la régie publicitaire 366, qui chapeaute 13 groupes de PQR.
« Ce n’est pas un début, ce n’est pas une fin, c’est une étape qui guide pour aller encore plus loin ».
Dans un premier temps, un audit interprofessionnel a permis d’obtenir un partage des bonnes pratiques entre les différentes entités. Cet audit apportait également un rapport individuel offrant un état des pratiques et donnant des pistes de développement et d’amélioration. À l’issue de cette démarche, chaque groupe avait la possibilité de se lancer dans la labellisation.
Un chemin emprunté par Sud Ouest avec Positive Workplace (qui avait déjà réalisé l’audit initial).
Ses conseils : être conscient de l’importance de la pédagogie, notamment au moment de proposer les questionnaires aux parties prenantes. Des webinaires sont possibles pour embarquer efficacement le personnel dans la démarche.
En conclusion, quel que soit le label choisi, les étapes pour l’obtenir sont assez similaires et les leçons retenues se rejoignent :
Pour Agathe MARTIN BELIN (agence B Side) il est essentiel de ne pas plaquer un label sans se questionner sur le business model. Le label doit être l’expression de la transformation, un cap à suivre. Quitte à devoir renoncer à certains clients, trop éloignés des valeurs portées par la RSE.
Christophe de LA CHAISE (CECA) la rejoint sur ce point et indique que le travail important, nécessaire à l’obtention du label, serait produit en pure perte sans réelle cohérence entre les intentions et les actes concrets.
Isabelle DOUSSET (Sud Ouest) met en garde contre les effets d’une communication trop appuyée sur le label qui comporte le risque d’un effet boomerang. Il est essentiel de mener des actions concrètes et utiles, par exemple le refus du traitement anxiogène des sujets sur l’écologie et la pédagogie sur le développement durable.
Enfin, pour Laura MUSSEAU (Eponyme) même les petites structures prestataires de service peuvent porter la voix de la RSE à travers la sensibilisation des clients en s’inspirant et en adaptant les initiatives lancées par de grands groupes. Autre aspect essentiel : la démarche RSE a créé un alignement entre les convictions personnelles et professionnelles des salariés, qui en sortent plus unis que jamais.
L’APACOM et COM’AVENIR remercient chaleureusement les invités pour leur participation et leurs témoignages.
A bientôt pour une prochaine table ronde, fin juin, thématique à venir !