Vaste débat. L’APACOM a vocation à fédérer les professionnels aquitains de la communication, et depuis la fusion des régions, de rassembler Aquitains, Charentais et Limougeauds. C’est une grande et belle mission. Et si on élargissait nos horizons pour découvrir les stratégies de nos « concurrentes » en matière de communication ?
Des concurrentes qui n’en sont pas vraiment
Désormais toutes situées à moins de deux heures de Paris en train, cinq métropoles – Nantes, Strasbourg, Lille, Lyon et Bordeaux – affirment leurs ambitions dans le domaine de la communication.
Les quatre métropoles régionales qui peuvent donc être considérées comme nos « concurrentes » sont situées aux quatre coins de la France. Cela semble parfaitement parfait. Nous, communicants néoaquitains, pouvons faire chasse gardée sur notre territoire. Personne ne viendra nous marcher sur les pieds, à part peut-être Toulouse.
Pour rappel, les résultats de l’Observatoire des Métiers de la Communication, disponibles ici, indiquent que la Nouvelle-Aquitaine compte 507 sociétés du secteur de la communication qui génèrent au total 846 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017. Cela place notre région au 4ème rang derrière l’Ile-de-France (évidemment), l’Auvergne-Rhône-Alpes (coucou Lyon !) et l’Occitanie. Pas de Nantes, Strasbourg ou Lille à l’horizon.
Le secteur de la communication est donc bien lancé à Lyon (1040 sociétés générant 3,1 milliards d’euros en 2017) et Bordeaux prend la suite.
Allez voir ailleurs !
Elargissons nos horizons et découvrons la stratégie de ces concurrentes en matière de développement du secteur de la communication.[1]
Lyon d’abord, qui compte bon nombre de success-stories. De nombreuses agences de communication lyonnaises ont explosé et sont désormais présentes à Paris. Certaines rassemblent jusqu’à 200 collaborateurs ! Le magazine Stratégies fait le constat suivant : « Lyon est portée par une économie florissante aussi bien dans le domaine de l’agro-alimentaire que de la chimie ou de l’industrie pharmaceutique. Ajoutez à cette manne un vivier d’étudiants formés à l’Iscom, Sciences Po ou la désormais célèbre EM Lyon, un bassin numérique labellisé French Tech et vous avez le cocktail d’une ville qui est la plus redoutable concurrente de Paris. »
Strasbourg ensuite, qui apparait comme THE ville européenne. Strasbourg est désormais aussi celle d’une vaste région, le Grand Est. Elle est épaulée par des villes moyennes dynamiques qui sont aussi de grands bassins de formations : Reims, Nancy et Metz. La stratégie est diamétralement opposée à celle de Lyon avec un éclatement des sociétés où les équipes sont réduites à une petite dizaine de personnes. Dans Stratégies, les professionnels l’affirment : « Strasbourg est un territoire attractif pour les annonceurs, la proximité de l’Allemagne, le confort de vie et la richesse économique : tous les ingrédients sont réunis pour que notre ville soit la locomotive régionale ».
Du côté de Lille, la stratégie diffère encore. La ville du Nord a choisi de tabler sur une spécialisation assumée. Stratégies explique : « Pour les agences de Lille, nouvelle capitale des Hauts-de-France, le secteur de la distribution reste un terrain de jeu privilégié. Chez ETO, les Saint Maclou, Leroy Merlin ou Auchan, constituent une bonne part de l’activité locale. Havas a spécialisé son agence lilloise sur le retail, avec des comptes comme la Foir’Fouille. Le Nord est aussi le berceau des vépécistes. »
Quant à Nantes, on l’appelle la conquérante et en ce sens nos deux métropoles atlantiques se ressemblent beaucoup. Le dynamisme nantais s’incarne notamment dans l’écosystème digital et c’est ce qui lui permet de se distinguer face à Rennes. Nantes est particulièrement dynamique dans ce secteur, avec un festival annuel, le Web2Day, qui attire pendant trois jours de nombreux experts. Stratégies précise que « la proportion entre clients locaux et nationaux, voire internationaux, est de 50/50 pour les agences de communication nantaises ».
Bordeaux, le jeune padawan
Quand les experts du développement économique des métropoles parlent de Bordeaux, ils évoquent « la prometteuse ». Le secteur de la communication est en plein boom : le digital est désormais omniprésent et de plus en plus de formations en font une spécialité (au total, 133 formations en Nouvelle-Aquitaine dont 51 à l’Université).
Le magazine Stratégies dresse un tableau encourageant pour le secteur de la communication dans notre région. « Sur le plan de l’attractivité de la ville, l’effet de la LGV (ligne à grande vitesse) est positif. L’offre de main d’œuvre sur le marché de l’emploi explose. Mais au niveau de la demande, on ne ressent pour l’instant qu’un frémissement. »
Il est vrai que l’économie bordelaise et aquitaine est établie sur des piliers, comme le vin ou la forêt, qui ne sont pas forcément les plus propices au développement d’agences de communication. Pourtant, très récemment, de nombreuses agences ont vu le jour et la ville émerge en termes d’attractivité économique. Le nouveau quartier d’affaires Euratlantique contribue d’ailleurs à cette dynamique.
Finalement, on retrouve ici l’une des vocations premières de la communication : accompagner le changement et les transformations économiques des entreprises, des associations et des collectivités !
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Julie Cazalis
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[1] citations issues de Stratégies