Parmi les propositions faites par la Convention Citoyenne pour le Climat, une partie d’entre elles concerne la transition vers une consommation plus responsable. Dans la continuité de ses propositions, les différents acteurs de la communication, dont la Filière Communication, s’engagent pour une pratique des métiers de la communication plus en phase avec les enjeux de transition. Ces propositions et engagements sont également soutenues par des lois qui structurent peu à peu la profession mais le chemin reste encore long.
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Convention citoyenne pour le climat
La Convention Citoyenne pour le Climat a proposé en Juin 2020 un ensemble d’actions pour, à la fois, consommer moins et consommer mieux. Ses propositions visaient à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre afin que l’empreinte carbone moyenne d’un Français passe de 11 tonnes par an, en 2020, à 2 tonnes par an en 2030. Plusieurs objectifs ont été définis pour améliorer notre rapport à la consommation à travers différents biais, concernant notamment la publicité :
Transparence de l’affichage : il ne s’agit pas d’imposer de nouvelles règles pour contraindre les consommateurs à changer leurs habitudes de consommation, mais plutôt de les sensibiliser en leur donnant le plus d’information possible. La Convention Citoyenne proposait, en premier lieu, de “rendre obligatoire l’affichage des émissions de gaz à effet de serre dans les commerces et lieux de consommation ainsi que dans les publicités pour les marques”. Dans un second temps, elle souhaitait mettre en place un score carbone sur les produits de consommations et les services, qui doit être basé sur une méthode de mesure extrêmement fiable. → C’est voté !
Réguler la publicité : agir sur la publicité c’est modifier directement le rapport à la consommation du Français. Cette action se décline en trois temps en commençant par interdire la publicité des produits les plus polluants. La Convention Citoyenne proposait, dans un second temps, de réguler la publicité pour que les Français soient moins exposés à de l’incitation “quotidienne et non-choisie à la consommation”. Enfin, l’idée était de mener une action de prévention en mettant “en place des mentions pour inciter à moins consommer”. → N’ont été retenues que l’expérimentation sur la base du volontariat du « Oui Pub » sur les boîtes aux lettres et l’interdiction des avions publicitaires. C’est au maire dorénavant de décider si les écrans lumineux seront les bienvenus dans les rues et les vitrines.
Filière Communication : les communicants s’engagent
En marge des propositions faites par la Convention Citoyenne en faveur d’une consommation plus responsable, le secteur des professionnels de la communication s’engage à son tour autour de la Filière Communication. En mars dernier, les acteurs de la Filière Communication ont signé 7 engagements pour amener les communicants vers une pratique plus responsable de leur métier.
Ces engagements concernent principalement la réduction de l’empreinte carbone dans la pratique des métiers de la communication. La filière s’aligne donc avec les mesures prises par l’Etat en intégrant les objectifs de l’accord de Paris dans sa politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les métiers de l’information et de la communication utilisent énormément de supports numériques, que l’on considère généralement, à tort, comme plus écologique que le papier. L’idée est, donc, de créer une cohésion entre les structures pour que les entreprises les plus avancées en matière d’outils de pilotage et de réduction de l’empreinte carbone puissent aider les moins expérimentées. Enfin, une attention particulière sera portée aux campagnes de communication et publicitaires avec la mise en place d’une feuille de route commune d’évaluation de leur impact carbone.
→ Pour savoir comment réduire les impacts du numérique sur l’environnement, l’ADEME a sorti une enquête très récente sur « La face cachée du Numérique »
La Filière Communication s’engage également dans la sensibilisation du secteur de la communication grâce à une formation, du personnel interne et des étudiants en communication, aux enjeux et aux solutions de transition écologique. L’APACOM s’inscrit également dans une démarche de sensibilisation en permettant à ses adhérents d’échanger sur les bonnes pratiques d’une communication responsable.
Loi climat : un bilan mitigé
Le 1er avril dernier, l’Assemblée Générale a voté les articles 4 et 5 du projet de loi Climat (qui ne sont pas représentatives des 12 propositions faites par la Convention Citoyenne pour réguler la publicité).
Si le texte initial ne mentionnait que l’interdiction de publicités pour “la vente” des énergies fossiles, un amendement de Aurore Bergé a été adopté pour étendre l’interdiction à la commercialisation et la promotion de ces énergies. La sanction a également été renforcée pour le non-respect de cette loi, puisque les auteurs du délit pourraient payer jusqu’à une somme équivalente à celle investie dans l’opération délictueuse. Mais ces avancées ne sont pas satisfaisantes pour tout le monde à l’instar de WWF, pour qui “la proposition du gouvernement n’a de sens que si on inclut les produits qui polluent et qui consomment ces énergies fossiles ». En mars dernier, l’ONG a publié une étude intitulée “Le trop plein de SUV dans la publicité”, dans laquelle elle dénonce l’obsession de la publicité pour des véhicules extrêmement polluants. D’après cette étude “42 % des dépenses publicitaires du secteur automobile sont consacrées aux SUV”, un constat alarmant pour WWF. Cependant, pour les députés, « il est difficile d’envisager une suppression totale de ces publicités lorsque l’on connait le poids économique de ce type d’annonceurs » pour les agences de communication et marketing qui travaillent sur ce sujet. Et par ricochet, ce que cela représente en terme de revenus publicitaires pour les medias.
Les députés se sont également penchés sur la question du greenwashing en redéfinissant cette action comme une “pratique commerciale trompeuse” pour permettre une meilleure appréhension du délit. Les sanctions accompagnant cet interdit ont également été durcies, s’élevant à présent à 80 % de la somme préalablement engagée. De plus, il est également prévu l’interdiction dans une publicité “d’affirmer à tort qu’un produit ou un service est neutre en carbone” ou “dépourvu de conséquences négatives sur le climat”.
→ Pour passer au crible vos contenus publicitaires, suivez le « Guide anti greenwashing » de l’ADEME.
Si le projet de loi Climat et Résilience est encore en cours d’étude et que l’auto-régulation reste la norme pour une grande majorité des acteurs de la publicité, les communicants au sens larges sont bel et bien engagés sur le chemin de la transition écologique. L’APACOM participe activement aux réflexions autour des pratiques plus écoresponsables des métiers de notre secteur, en lien avec le Club de la Com de Toulouse. L’association encourage ses adhérents à faire de même en organisant des rencontres pour apprendre, réfléchir et débattre autour de ses sujets.
Inscrivez-vous à nos prochaines rencontres, en visioconférence et si vous avez des sujets ou des questions, n’hésitez pas à nous solliciter !
Mardi 21 avril / Les Ateliers Web : « Comment réduire l’impact carbone de votre site WordPress et autres bonnes pratiques de sobriété numérique ».
Mardi 27 avril / 18/20 de l’APACOM : « Journalisme d’impact : quelles perspectives ? »
Jeudi 29 avril / Le Collège Agences : « Les labels RSE : quels enjeux pour les agences ? »
1 Biosourcé : Se dit d’un produit ou d’un matériau entièrement ou partiellement fabriqué à partir de matières d’origine biologique.
Bénédicte Delu De Cal et Emilie Sadeyen