Dans le monde de l’édition, le livre numérique pose bien des questions, et peu de réponses sont apportées. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Quelques chiffres
L’étude GFK donne certains chiffres qui éclairent sur la part de marché, les lecteurs et les projections.
2 millions d’ebooks ont été vendus en 2012 ce qui implique une progression de 80% par rapport à 2011. Par conséquent sur le marché du livre, l’ebook représente 0,6% du CA.
Autres signes indiquant une évolution :
– 44% des français ont déjà lu ou envisagent de lire prochainement un livre numérique contre 10% en 2011.
– 1 français sur 6 possède aujourd’hui une tablette et 41% d’entre eux liraient des livres sur leur tablette.
Côté lecteurs, il semble que les adeptes du numérique soient les gros lecteurs et pas forcément les technophiles. L’étude montre que le support préféré de ces lecteurs est la tablette, viennent ensuite la liseuse et le smartphone. Chacun de ces supports semble correspondre à une tranche d’âge spécifique :
– les 35-49 ans sont attirés par la tablette
– les 50 ans et plus par la liseuse
– les 15-34 ans par le smartphone
Selon GFK, en 2015, il se pourrait que le livre numérique occupe 3% du CA du marché total du livre contre 1,2% en 2012. D’autres prévoient une augmentation plus forte entre 5-7% comme Elodie Perthusot, directrice Livre de la FNAC.
Réactions des éditeurs et des auteurs
La prudence plane sur le monde du livre. Le temps est à la réflexion en attendant une approbation franche du livre numérique.
À l’heure actuelle, 95% de l’offre numérique est une transposition du livre papier. Il y a peu de démarches innovantes. La création d’un contenu enrichi et additionnel n’est pas exploité excepté dans le secteur scolaire qui trouve des solutions pour faire d’un manuel un objet interactif notamment chez Belin qui lance une nouvelle collection.
L’auteur Bernard Werber attend que les mentalités bougent pour que le livre ne soit pas seulement un « alignement de lettres ». Pour lui, le livre numérique doit permettre de « capter les sens », d’être plongé dans un autre monde et de faire de la lecture une « expérience totale de fiction ».
Certaines éditions numériques creusent la question de l’amélioration de la relation auteur-lecteur qui est impossible avec le livre papier. Cette idée, pour eux, est le point de départ pour lancer des échanges. Les éditions Versilio ont créé le slog, mélange entre le site internet et le blog. C’est ainsi que Marc Levy a son slog, on y trouve un contenu multimédia sur l’auteur, des questions-réponses, ses rencontres, ses actualités… toute information qui puisse permettre au lecteur de pénétrer dans son univers. L’idée de développer la relation auteur-lecteur est un axe intéressant mais il reste encore du travail pour que le slog soit vraiment interactif, vivant et engageant. Il ne reflète pas encore la volonté d’un échange.
Toutefois, ce qu’il faut observer c’est qu’il y a des initiatives surtout si les éditeurs ne veulent pas voir partir leurs poules aux œufs d’or. Amélie Nothomb avec sa notoriété aurait tout à fait la possibilité de se passer d’un éditeur et de vendre ses livres sur un site dédié. L’autoédition numérique peut donc représenter un vrai risque pour les éditeurs s’ils n’évoluent pas rapidement.
Nous sommes aux prémices de l’existence du livre numérique, tout est à construire et à inventer. Imaginons alors un livre qui ne serait pas un concurrent du livre papier mais plutôt une orientation vers un nouveau média qui apporterait une richesse complémentaire au texte.
Caroline Rameau
Discussion
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