Mardi 9 novembre, l’association 2AM, qui fédère les professionnels du marketing, organisait une table ronde à laquelle les adhérents de l’APACOM étaient conviés. Le Growth Hacking, un terme a priori assez barbare, mais qui est finalement un exercice connu de tous. Retour sur ce rendez-vous qu’il ne fallait pas manquer !
Qu’est-ce que le Growth Hacking ?
Empruntés à l’anglais, ces mots signifient littéralement « piratage de connaissances ». Selon 2AM, il s’agit d’une technique de marketing digital qui vise à trouver des solutions à des problématiques de croissance en entreprise. L’objectif est de mettre en place des « stratagèmes » de croissance rapide à faible coût et si possible automatisés.
Pour évoquer ce vaste sujet étaient présents plusieurs experts tels que Thomas Labeyrie de l’entreprise Digital Passenger, qui a insisté sur le nécessaire alignement sales et marketing, Bertrand Hassid avocat du cabinet Lexymore et spécialiste du droit du numérique, qui a apporté un éclairage sur les aspects juridiques du Growth Hacking, et Stéphane Jambu, consultant et expert de LinkedIn, qui a partagé son expertise sur l’algorithme LinkedIn et quelle stratégie adopter. Après les experts, la table ronde a laissé la parole à trois témoins qui ont partagé leur expérience de Growth Hacking.
Sales et marketing, comment communiquer ?
Il est parfois difficile de se comprendre entre départements d’entreprise, nous n’utilisons pas toujours le même langage. Thomas Labeyrie était là pour donner des clés afin de mieux coopérer entre équipes. « Il faut casser les silos et travailler ensemble sur le processus et les outils utilisés » précise-t-il.
Pour atteindre leurs objectifs, les équipes doivent mettre en place un certain nombre de conditions. Les délais ne doivent pas être trop courts, entre 6 mois et 2 ans, car les processus mettent du temps à changer, surtout dans les grandes entreprises. Le leadership doit être représenté de la direction à l’équipe sur le terrain, car le projet doit être toujours incarné par quelqu’un pour mobiliser les équipes. Enfin, il faut être conscient de l’investissement de temps, d’énergie et de formation. En réunissant tous ces facteurs, l’entreprise pourra gagner en productivité.
Quelle limite légale au Growth Hacking ?
Les données à caractère personnel sont au cœur du système du Growth Hacking. Bertrand Hassid a rappelé plusieurs conditions à respecter pour bien les utiliser. Il est nécessaire de savoir que la conservation des données est limitée, une donnée ne peut être utilisée que pour un traitement et le consommateur doit être absolument au courant que ses données sont utilisées. Le « web scraping » consiste à utiliser un logiciel qui balaye les sites pour récupérer des données personnelles, néanmoins les conditions générales d’utilisation du site visité doivent impérativement préciser qu’il autorise cette pratique. Enfin, il conclura que comme toute pratique, elle a ses dérives et qu’il faut bien que l’entreprise mesure les risques qu’elle prend par rapport au bénéfice qu’elle peut en retirer.
LinkedIn, un outil indispensable au Growth Hacking ?
Pour les entreprises, LinkedIn est de plus en plus incontournable en matière de communication. Stéphane Jambu, expert dans ce domaine, a pu exprimer sa vision et ses conseils vis-à-vis de ce réseau social. Pour lui, il faut faire de son profil LinkedIn sa marque personnelle. Ainsi, il doit être complet et optimisé pour espérer apparaître dans le fil d’actualité des millions d’utilisateurs. Pour être un bon ambassadeur de sa marque personnelle ou de son entreprise, l’offre doit être percutante, les cibles doivent être bien déterminées avec une stratégie de contenu élaborée.
Ils ont expérimenté le Growth Hacking
Pour finir cet échange, plusieurs témoins ont fait part de leur expérience d’utilisation du Growth Hacking en entreprise. Dorothée Murzeau, Head of European Marketing au sein du Groupe WF Education, a fait l’expérience de la réticence de certains de ses collègues à changer leurs habitudes et aller vers une politique de prospection un peu plus agressive. Il a fallu des compromis et des discussions pour arriver à travailler ensemble. Les objectifs étaient communs aux équipes marketing et sales et ont donc permis une bonne assimilation de la démarche et de bons résultats.
Vincent Rebière, co-fondateur et CEO de Maracuja, une plateforme permettant d’apprendre grâce aux motivations propres à chacun comme le sport par exemple, précise qu’il a expérimenté le Growth Marketing tout au long des différentes étapes de croissance. Il a pu tester plusieurs méthodes, dont les messages automatisés sur Facebook, qui les a finalement limités. Désormais, l’entreprise est en B to B et cible les fédérations sportives, les écoles et les entreprises.
Pour finir, David Benguigui de Prodware s’apprête à lancer une campagne et a présenté la stratégie et les différentes étapes de cette campagne à venir.
Enfin, la traditionnelle session de questions/réponses a permis de démontrer de mettre en avant les facteurs clés de succès d’une campagne de Growth Hacking :
– appliquer une méthode de « Test & Learn » : c’est-à-dire y aller progressivement en testant différentes approches pour voir ce qui fonctionne pour ensuite pouvoir en tirer des enseignement et dérouler une approche opérationnelle efficace
– être malin, avoir du bon sens et se différencier : ne pas hésiter à changer de méthode quand celle-ci commence à être connue et appliquée par tous pour une un peu plus innovante
– maitriser les outils mais surtout impliquer les hommes et les femmes
Emma Laouénan