Le marché de la formation professionnelle ne connait pas la crise ! S’il constitue un débouché intéressant pour de nombreux indépendants, il se professionnalise néanmoins et demande aux organismes de formation plus de technicité. L’atelier 18/20 de l’Apacom du 9 novembre est revenu sur les différents dispositifs et les leviers de croissance, avec Ludovic Leclercq, co-fondateur de la plateforme Keyro, solutions digitales pour les organismes de formation et les formateurs indépendants.
Être certifié Qualiopi au 1er janvier 2022
Très porteur et soutenu par les politiques publiques, le marché de la formation professionnelle brasse beaucoup d’argent et aiguise les appétits, puisque certains investisseurs internationaux rachètent des Organismes de formation (OF) français. Ludovic Leclercq constate que certaines thématiques sont boostées par la crise sanitaire : les méthodes de vente, la digitalisation des entreprises, la mise en conformité ou encore la performance des collaborateurs.
Dans quelques semaines, la certification Qualiopi sera obligatoire pour tous les OF dont les clients souhaitent bénéficier de financements publics. Le paiement en direct de la formation par l’entreprise restera possible. Pour ces OF non Qualiopi, il sera difficile voire impossible de se faire référencer ou de collaborer avec les acteurs publics de la formation : OPCO, Pôle emploi, Caisse des Dépôts, Régions et Collectivités. Pourtant, seuls 30 000 OF sont à ce jour ou en cours de certification Qualiopi, rappelle Ludovic Leclercq. « Le marché de la formation professionnelle est très éclaté avec 106 000 acteurs actuellement détenteurs d’un numéro d’activité, dont 1 600 pour la Gironde, précise-t-il. Sur ces 106 000, on estime que 50 à 60 000 seront certifiés Qualiopi en 2022, soit environ 50 %. Quid des autres ? »
L’une des solutions présentées lors de l’atelier est le portage salarial ou la sous-traitance : l’indépendant travaille alors pour le compte d’un organisme de formation certifié. Les taux de commission reversée dépendent de l’organisme et surtout de la prise en charge administrative qu’il assure. Mais là aussi, la recherche de professionnalisation peut constituer à terme un frein : certains OF exigent désormais des sous-traitants tous certifiés Qualiopi. Et la tendance réglementaire va vers des formateurs certifiés enregistrés au répertoire des formateurs habilités, comme c’est déjà le cas en Nouvelle-Calédonie. L’autre écueil souligné par l’intervenant est le manque de valeur ajoutée en étant sous-traitant. L’activité est bien plus rentable en vente directe.
Travailler sa visibilité sur internet
Sur ce marché en plein essor, la concurrence est rude. Pour se démarquer, Ludovic Leclercq recommande de bien réfléchir à sa proposition de valeur ajoutée et de soigner son offre. « Les organismes de formation ne savent pas toujours bien communiquer alors qu’il vaudrait mieux faire appel au storytelling, aux témoignages, aux use cases. Il faut également se faire référencer auprès du réseau des CARIF OREF, de Pôle Emploi, et aller vers des partenaires déjà agréés CPF (mon compte formation), en profitant des possibilités offertes par le distanciel et le e-learning pour aller prospecter des régions plus éloignées. »
Un autre levier d’action consiste à acheter des leads, via des sites spécialisés comme Maformation, Topformation, skillup, etc.
Bien connaitre l’ingénierie financière de la formation
Pour créer une offre pertinente, Ludovic Leclercq conseille d’identifier les dispositifs de financement pour chaque cible : salariés en activité, salariés en activité partielle et demandeurs d’emploi. « L’idée est de proposer des programmes qui s’adaptent à l’ingénierie de financement, ils seront bien plus simples à vendre. Le FNE, par exemple, fonds national pour l’emploi, est un dispositif peu connu alors qu’il concerne une majorité d’entreprises en difficulté, en mutation ou en activité partielle. Il favorise les parcours de formation de plusieurs jours avec une prise en charge financière des frais pédagogiques de 100 % pour les structures de moins de 300 salariés. »
Digitalisation de la formation
Les confinements successifs ont bien sûr modifié tous les usages, et ouvert de multiples possibilités aux acteurs de la formation. E-learning, classe virtuelle, parcours en autonomie partiel ou total, ressources externes, serious game, quiz, vidéos… « Aujourd’hui, l’approche de la formation est multimodale, en mixant tous les formats : présentiel, à distance, asynchrone… C’est une opportunité mais qui demande aussi les bons outils pour disposer des ressources digitales nécessaires. »
Selon Ludovic Leclercq, la réussite de cette digitalisation de la formation passe par « la boite à outils du formateur », qui comprend :
-un système de gestion de la formation, à l’image de la plateforme Keyro
– un site internet attractif pour la visibilité,
– un outil CRM d’animation des contacts et d’emailing,
– et enfin un logiciel comptable.
En résumé, un indépendant désireux de compléter son activité en devenant acteur de la formation professionnelle doit :
AVOIR…
– Un positionnement bien réfléchi,
– Une stratégie digitale et de référencement forte dans le temps,
– Une optimisation de son temps et la réduction des tâches à faible valeur ajoutée,
– Un esprit communautaire, en prise avec son écosystème,
– Une prospection active.
Tous ces éléments lui permettront :
– D’avoir une activité Formation en croissance,
– De travailler en direct avec les clients finaux, avec une meilleure valeur ajoutée,
– De passer les situations de crise peut-être plus facilement.
Claire Goutines