En vous baladant sur les réseaux sociaux ou en faisant des recherches sur le RGPD, vous êtes sûrement tombé(e) sur le mot « blockchain ». C’est une technique de stockage de données qui semble être infaillible et tout à fait sécurisée. En tant que professionnels de la communication et en tant qu’individus, nous sommes concernés. Pourquoi ?
Réinventer la confiance
On se croirait dans une BD de science-fiction.
Utilisée depuis 2008, la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par extension, c’est une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Elle est sécurisée et distribuée, partagée par entre ses différents utilisateurs, sans intermédiaire. Cette structure permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne en toute simplicité.[1]
La blockchain peut être ouverte à tous sans aucune restriction (elle est donc publique) ou avoir un nombre limité et prédéfini de participants (elle est semi-publique). Cette prouesse technique est une innovation radicale : certains parlent d’une révolution comparable à celle qu’on a connue, pour la communication, lors de l’invention d’Internet.
Certains professionnels émettent même l’idée que la confiance, concept important pour l’humain qui plus est dans l’ère numérique actuelle, se trouverait réinventée, ou rénovée, réanimée. Ce serait une révolution incroyable à une époque où la confiance n’est de mise ni en politique, ni dans l’économie, ni dans l’entreprise.
En quelque sorte, nous basculons de nouveau dans un modèle basé sur des institutions transparentes et éthiques, modèle que nous avions dénigré pour entrer dans un système privé régi par les entreprises (les GAFA, entre autres).
La confiance retrouvée, mais à quel prix ?
La blockchain constitue un système qui contraint les sociétés à accélérer un processus de dématérialisation et d’automatisation des transactions débuté il y a très longtemps. En ce sens, elle montre (déjà) ses faiblesses et les risques qu’elle engendre.
En cédant encore une partie de son travail à la machine, le notaire, le banquier, l’administrateur web, l’informaticien, le data scientist, le community manager et bien d’autres prennent des risques. L’apparition de la blockchain ne fait que déplacer les difficultés classiques du monde moderne. Il s’agit d’assumer en même temps différents besoins. Dans notre secteur d’activité, où les bases de données et les transactions sont nombreuses, il faut être particulièrement vigilant. Si la blockchain peut nous permettre d’inspirer la confiance à nos clients, partenaires ou collaborateurs, elle peut aussi nous mettre dans des situations périlleuses.[2]
Les entreprises néo aquitaines donnent l’exemple
En 2017, Lumo, une start-up bordelaise implantée à Darwin, a développé une plate-forme d’épargne participative dédiée à la transition énergétique. Les « lumonautes », dont les contributions ont déjà permis le financement de 35 projets, peuvent désormais percevoir une rémunération en SolarCoins en plus de leur rémunération classique en euros. A la croisée des fintechs et des greentechs, Lumo fait donc appel à la blockchain pour inscrire toutes ses transactions. Le recours à la blockchain permet de numériser progressivement le service après-vente de l’entreprise.[3]
En 2018, c’est le Groupe Sud Ouest qui se met à la blockchain. Via son accélérateur de start-ups Théophraste, le groupe accompagne l’entreprise inBlocks, qui a développé une expertise dans la blockchain. Engagé dans une politique de transparence vis à vis de ses lecteurs et de ses annonceurs, le Groupe Sud Ouest va stocker les consentements de ses utilisateurs dans une blockchain privée. Immutable, infalsifiable, la preuve de l’historique du consentement pourra être consultée par l’utilisateur.[4]
Ces campagnes de communication autour de la blockchain se multiplient. Les entreprises, soucieuses de leur image et des futures contraintes posées par le RGPD (règlement général pour la protection des données), anticipent en affichant publiquement leur volonté de transparence. Plus la communication est juste, plus la confiance règne.
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Julie Cazalis
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Sources :