Dans la tourmente depuis que les lanceurs d’alerte de Cambridge Analytica ont dévoilé l’ampleur du siphonage de nos données personnelles, Facebook se devait de réagir. En annonçant une série de mesures visant à sécuriser l’accès aux données privées de ses utilisateurs, le plus grand réseau social du monde espère regagner leur confiance.
De quoi parle-t-on ?
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à 2014. Nous voici donc, il y a 4 ans, à l’université de Cambridge, en Angleterre. Des chercheurs du centre psychométrique de l’université développent une technique pour comprendre le profil psychologique d’une personne seulement grâce à son activité sur Facebook, en fonction de ce qu’elle “like”.
Un cabinet londonien spécialisé dans les études de consommation et d’opinion politique, Cambridge Analytica, s’intéresse à ces travaux. Le centre refuse… à l’exception d’un professeur en psychologie de l’université, Aleksandr Kogan. Il revend les données au cabinet pour une somme avoisinant le million de dollars. Secret bien gardé.
Précisons qu’il ne s’agit pas d’un piratage : aucune faille n’a été exploitée. Aleksandr Kogan a simplement profité du fonctionnement normal de Facebook à l’époque.
Le 17 mars, le New York Times et le Guardian révèlent les résultats de leur enquête menée avec Christopher Wylie, le lanceur d’alerte et ex-salarié de Cambridge Analytica : 90 millions de profils ont été collectés sans le consentement des utilisateurs du réseau social.[1]
Des conséquences financières et politiques, mais surtout éthiques
La bourse n’a pas manqué de sanctionner le réseau social : en une séance, le lundi suivant les révélations, son action s’est effondrée de 6,77 %. Cette crise s’est également traduite par de vives tensions au sommet de la hiérarchie interne de Facebook, dont l’image a été fortement écornée.
Les journalistes qui ont couvert l’affaire dans les médias ont unanimement souligné le mutisme inexplicable de Facebook vis-à-vis de ses utilisateurs et de leurs données personnelles… qu’ils ont confiées au réseau social parfois sans le vouloir. Cette absence de réaction (que certains qualifient de mépris) est d’autant plus surprenante que la tempête médiatique bat son plein : un hashtag #DeleteFacebook a vu le jour sur Twitter. Il a déjà été utilisé plusieurs milliers de fois, incitant les utilisateurs à supprimer leur compte.[2]
Dans un exercice de communication de crise, Mark Zuckerberg a d’abord rédigé un long post Facebook en reconnaissant des « erreurs », puis accordé plusieurs interviews à des grands médias américains. Ces éclaircissements témoignent d’une volonté réelle de retrouver la confiance des utilisateurs… Pas sûr que cela suffise.
Les mesures annoncées par Facebook
Le réseau social aux 2 milliards d’utilisateurs a annoncé que des mesures importantes seraient prises pour limiter l’usage de nos données personnelles sur Internet.
Une fonction baptisée « raccourcis vie privée » (« privacy shortcuts » en anglais) sera ajoutée au menu général pour permettre à chaque utilisateur de savoir ce qu’il a partagé en ligne et le supprimer s’il le souhaite.[3]
L’utilisateur aura aussi la possibilité de télécharger ses données personnelles et de les transférer dans un autre service. Cet outil concernera tous les publications, réactions, commentaires et recherches.[4]
Ces ajustements interviennent alors que doit entrer en vigueur le 25 mai une réglementation européenne sur la protection des données… le fameux RGPD. Ce règlement va exiger que les sociétés offrent à leurs utilisateurs « un droit à la portabilité », c’est-à-dire le droit d’emporter ses données avec soi.
Comment se protéger ?
Vous pouvez vous protéger à titre personnel et aussi protéger les réseaux sociaux de votre entreprise ou de votre structure professionnelle. France Info[5] a recensé trois moyens pour optimiser la protection de vos données.
- Gérer les applications qui ont accès à vos données
- Limiter les données utilisées pour cibler les publicités
- Supprimer votre compte
La vidéo complète est disponible en suivant ce lien.
–
Julie Cazalis.
–
Sources
Discussion
Il était grand temps… et encore…