C’est le lieu de tous les imaginaires.
En devenant un espace de communication, de services et d’innovations, la ville est devenue une place où tout peut s’envisager. A peu près tout le monde – et de toutes les sphères (politique, publique, économique, sociale, commerciale) – y projette ses rêves. Alors forcément, la Ville, centre de toute cette attention, doit organiser son attractivité, son engagement… bref son « offre ».
Devenir un pôle d’attractivité
Les villes-marques (OnlyLyon, I amSterdam, I love NY …) ont fleuri un peu partout, considérant que leur attractivité devait aussi se vendre dans un objectif touristique et commercial. Mais phénomène plus récent encore, quartiers et rues commencent à s’illustrer à leur tour, au travers d’initiatives multiples, menées souvent conjointement par les élus locaux et des acteurs privés (Enseignes, bailleurs de fonds…)
Metz avait ouvert le bal en rebaptisant sa rue Marguerite-Puhl-Demange, située à l’écart des artères passantes, en « Passage Marguerite » revalorisé grâce à une nouvelle identité et surtout à un nouveau positionnement. Menée conjointement par les élus locaux et Axa patrimoine, cette initiative peut paraître anecdotique. Elle est pourtant originale dans l’intervention d’une agence de design pour « positionner » une rue ; signe finalement révélateur de la manière dont la Ville doit désormais imaginer « son offre commerciale » pour réveiller la curiosité de ses habitants, attirer l’attention ou créer l’événement.
Si, hélas, le projet de la « Jeune Rue » à Paris ne s’était pas embourbé dans des complications financières, la transformation de la rue du Vertbois, près de la République, en un lieu conjuguant gastronomie et design, s’inscrivait lui aussi dans cette recherche d’attractivité.
Mais cette notoriété urbaine a bien d’autres voies d’expression. Prenez les Comptoirs Richard par exemple. En collaboration avec la Ville de Paris, cette enseigne (principal fournisseur de café des bars parisiens) a lancé une gamme de cafés bio à l’image de cinq grands quartiers de la capitale : Le café Bastille, le café Champs Élysées, le café du Marais, le café Quartier latin, le café des Abbesses ; chacun d’entre eux ayant été développé avec des saveurs spécifiques liées à l’esprit du quartier ! Si ces « cafés de Paris » participent à la visibilité des quartiers, ils sont aussi une réponse à l’attente actuelle d’appropriation de la part des habitants des villes.
Devenir un pôle de services
Nul doute ; le présent le dessine déjà et l’avenir l’assurera : la ville de demain sera communicante et servicielle. Cela ne veut pas seulement dire une ville connectée pour favoriser la diffusion de l’information et ou encore faciliter les démarches administratives. Ce sera une ville qui fera dialoguer les habitants entre eux. En conjuguant mobilité et technologies, la ville de demain reproduira dans la réalité les habitudes prises dans le monde numérique. Les girouettes connectées en sont un bel exemple en s’alimentant des contributions des internautes sur les réseaux sociaux pour partager et localiser un évènement, un bon plan dans un quartier…
Au cœur de sa nouvelle « offre », la ville va se nourrir de technologies pour améliorer ses services : gérer à distance son paiement à l’horodateur comme c’est en test à Paris. Géolocaliser des emplacements disponibles pour se garer comme à Lausanne. Bénéficier d’une conciergerie digitale et se faire livrer à domicile comme à Montrouge. Accédez à des nouvelles durant ses déplacements dans les transports grâce à des QR-Codes comme à Lille. Bénéficiez d’un Wi-fi mobile et gratuit pour visiter Lyon… Bienvenue dans votre nouvelle ville, digitale et bienfaisante.
Mais si tout cela vous effraie, si vous souhaitez affirmer votre droit à ne pas être connecté, ne vous inquiétez pas. La Ville a aussi pensé à vous. Il faudra vous rendre à Chongqing, en Chine, où des trottoirs sont spécialement réservés pour les passants qui veulent pourvoir flâner sans téléphone !
Dominique Laborderie
A partir des observations de L’ŒIL by LaSer