Nous avons eu le privilège de découvrir une distillerie implantée dans un lieu atypique : une cuve de gazole datant de la 2e guerre mondiale ! Vous me direz que c’est totalement incongru et pourtant c’est bien réel sur un territoire bordelais plus habitué au vin qu’au whisky. Les membres de l’APACOM ont découvert ce « Gros Plan » sur la société Moon Harbour installée à la Base sous-marine, le mercredi 13 février dernier. Nous avons été accueillis par Yves MEDINA, Directeur associé et Aude MEDINA, Responsable marketing et communication.
Moon Harbour est une aventure de deux passionnés, Yves MEDINA et Jean-Philippe BALLANGER qui ont imaginé un projet unique 100 % girondin : produire un whisky dans un alambic bordelais, avec des céréales cultivées en Gironde, et élevé dans des fûts de grands vins de Bordeaux ! Et quoi de mieux pour obtenir un whisky d’exception avec l’œnologue écossais, John MCDOUGALL. Tout a débuté en 2013 avec l’idée de cette aventure entrepreneuriale soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine, aboutissant à l’ouverture début septembre 2017 d’un écrin de 600 m² doté d’une verrière de 200 m².
Tout d’abord, comprenons le processus de fabrication d’un whisky qui demande plusieurs étapes.
Le maltage
La transformation de l’orge en malt se fait en deux temps : la germination, l’orge est mouillée afin de libérer l’amidon et le séchage, qui permet de stopper la germination. Une fois séché, le malt est broyé et se nomme le grist.
Le brassage (mashing)
Le grist est mélangé à de l’eau chauffée à forte température dans le « mash tun » (aussi appelé cuve de brassage) pour transformer l’amidon en sucre. Le moût finalement obtenu est un liquide translucide, odorant, douceâtre et légèrement collant aux doigts.
La fermentation
Le moût est ensuite additionné à de la levure afin de transformer le sucre en alcool. Le moût fermenté est alors appelé le wash. La fermentation participe à 25 % de la qualité du whisky.
La distillation
Le wash est chauffé dans l’alambic afin de séparer l’alcool de l’eau. L’alcool se transforme en vapeur avant que l’eau n’ait eu le temps de s’évaporer. La forme même de l’alambic est importante pour la formation des arômes (système Stupfler). Le fait de ne distiller qu’une seule fois le wash permet d’obtenir un alcool exceptionnel dont la rondeur est la première qualité.
Le vieillissement
Afin d’obtenir l’appellation « whisky », l’alcool vieillira durant 3 ans et 1 jour à minima, en barriques bordelaises de 225 litres ayant contenu des grands crus. C’est à cette étape qu’il se colore et acquiert ses arômes. Le vieillissement et les barriques utilisées participent à 50 % à la qualité du whisky. La barrique bordelaise est plus petite que la plupart des barriques utilisées habituellement pour le vieillissement du whisky. De ce fait, la qualité de l’échange bois-distillat est plus intime et contribue à un meilleur vieillissement du whisky.
La mise en bouteille
La mise en bouteille est la dernière opération avant la mise sur le marché. Une fois en bouteille, le whisky ne vieillit plus, contrairement au vin.
La typicité de Moon Harbour est cette ancienne cuve de gasoil de 4,5 millions de litres, intégrée à la Base sous-marine, en béton armé de 6 m d’épaisseur de 50 m de long et 11 m de diamètre, un lieu idéal pour faire vieillir le whisky en barrique à une température et une hygrométrie constantes. La production après bientôt 18 mois est de 1000 L d’alcool par semaine (2 500 bouteilles) soit 75 000 bouteilles produites par an.
La communication et le marketing ont été primordiaux sur différents aspects :
– la réussite du financement participatif (plus d’1,1 M€ récolté),
– la conception du packaging (étiquette, forme de la bouteille) confiée à l’agence PIXELIS basée à Paris,
– l’écriture de l’histoire de ce whisky atypique qui vieillit dans des barriques de vin du Sauternes,
– la stratégie sur les médias sociaux (Facebook / Instagram),
– la création d’un fichier e-mailing avec le Moon Club.
Bien évidemment le relais des médias traditionnels locaux et nationaux ont permis une forte exposition de Moon Harbour. Et plus surprenant, la sollicitation d’entreprises pour des séminaires !
Commission Gros Plan