La commission Atelier de l’APACOM a organisé un rendez-vous chez Hemera Jardin Public, le jeudi 28 mars dernier pour parler de l’écriture inclusive, mené par Marine Lasserre.
Le site du Jardin Public est le dernier-né des espaces bordelais d’Hemera. Ce lieu de coworking accueille tous profils, tant des entreprises que des indépendants.
Une dizaine de participants se sont retrouvés, et Marine a débuté l’atelier par un tour de table : qui sommes-nous et quel mot représente pour nous l’écriture inclusive ?
“Egalité”, “visibilité”, “débats”, “controverse”, «complexité » et “discussion” sont des termes qui sont sortis.
Retour vers le futur
Le Moyen Âge fait preuve d’une modernité exemplaire sur le plan sociolinguistique puisque la grande majorité des métiers étaient déclinés au féminin : broderesses, chasublières, ferronnes, maçonnes, charretières, hongresses, lavandières.
C’est étonnant de penser que le mot « autrice », qui est sujet à tant de discussions actuellement, existe depuis longtemps, puisqu’il a été utilisé pour la première fois en 1524.
Marine suggère une habitude du cerveau : autrefois les moines n’utilisaient pas les espaces dans leurs rédactions, un résultat qui nous paraît aujourd’hui complexe, qui ne les a pas empêchés à l’époque de se faire comprendre. De la même manière, l’écriture inclusive peut nous sembler complexe à la première lecture, mais notre cerveau s’habituera rapidement à ses particularités.
Les procédés
Lorsqu’on parle d’écriture inclusive, on pense au point médian. Mais savez-vous qu’il n’existe pas seulement ce procédé pour être inclusif ?
- Féminisation des mots : de nombreux mots peuvent être déclinés au féminin. L’une des participantes, en recherche d’emploi, témoigne : “Lorsque je tombe sur des offres de recrutement, elles sont souvent rédigées au masculin “Chef de projet” ou “Directeur de service”.
- Dédoublement des mots : ce procédé consiste à utiliser en suivant le mot masculin, puis féminin. Les politiques le font sans cesse : “Chers Français, chères Françaises”, toutes et tous, etc.
- Stratégie de remplacement et mots épicènes : cette astuce permet d’utiliser des mots qui englobe les genres, comme “Chers membres de l’APACOM”
- Néologismes : des innovations orthographiques qui ont fait leur apparition pour inclure les personnes non binaires “ iels sont heureuxe d’adhérer à l’APACOM”
- Adopter un langage direct : permet de s’adresser directement à la cible “Vous venez d’obtenir votre permis de conduire”.
Mais si vous êtes à l’aise avec le point médian, voici une astuce dont vous ne vous lasserez pas : Alt+0183
Pour garantir une écriture précise, Marine nous recommande de consulter les sites web inclusi et eninclusif, ainsi que le livre « L’écriture inclusive, et si on s’y mettait ? » rédigé par Raphaël Haddad. Pour des ressources supplémentaires, vous pouvez également parcourir la Tribune publiée par Marine dans les Echos Judiciaires Girondins .
Éditer et suivre sa charte
Comme tout outil de communication, l’écriture inclusive doit être réfléchie. Il faut d’abord se poser la question si oui ou non elle est utilisée, puis penser à sa mise en place et surtout, l’écriture inclusive doit prendre en compte la clientèle ciblée.
Une fois la charte rédigée, il faut s’y tenir et la suivre : cela vous garantit une crédibilité.
Prenons l’exemple d’une banque : La banque professionnelle Shine utilise l’écriture inclusive sur sa page d’accueil, si bien faite que cela ne se voit pas. La Banque utilise un discours plutôt direct, adopte une stratégie de remplacement et utilise par endroits les points médians.
Les freins de l’écriture inclusive
Nous avons eu la chance d’avoir à la table des rédacteurs et des rédactrices : Nicolas nous confie avoir peur de l’appauvrissement de la langue avec le procédé de remplacement.
Médélia fait état de problèmes liés au référencement : “Je suis inscrite sur une plateforme de recrutement en tant que “rédactrice web « , or mes clients cherchent plus globalement “un rédacteur web” et ne me trouvent pas forcément.“
Claire travaille actuellement sur un programme de prévention pour des apprentis, et c’est elle qui alerte sa cliente sur la nécessité d’adopter un discours inclusif, pour sensibiliser aussi les jeunes filles.
En vous projetant avec les yeux fermés sur la phrase « les dirigeants entrent dans la salle » et en ne visualisant que des hommes, sans considérer la présence de dirigeantes, c’est que vous auriez dû venir à l’atelier !
Rédigé par Eglantine Arnaud.